Madame, Monsieur le Maire, Mesdames et Messieurs les Conseillers Municipaux


AGIRR est un collectif apolitique de professionnels de l’arbre : arboristes, élagueurs, formateurs en physiologie
végétale, professeurs d’aménagements paysagers, biologistes.
Nous vous adressons cette lettre, en tant que citoyens et professionnels, dans un souci de préservation du patrimoine
arboré des bords de routes communales ainsi que dans un souci d’intérêt technique de limitation des entretiens des
abords routiers.
Vous n’êtes pas sans savoir que le Conseil Départemental de la Corrèze a récemment demandé un entretien des abords
routiers des départementales à 28000 propriétaires fonciers corréziens ; il incite fortement les communes à s’engager
dans cette même démarche.
Nous avons, depuis le début de cette campagne d’élagage, informé les services techniques du Conseil Départemental
de nos craintes concernant l’application d’une taille à l’aplomb du domaine public, conduisant inéluctablement à des
coupes totales et des arbres mutilés.
Les raisons de ce choix, évoquées par le Conseil Départemental, sont l’entretien des surfaces goudronnées (goutte
d’eau), le passage de la fibre et la sécurité des usagers.
Malgré nos demandes, le Conseil Départemental n’est pas en mesure de fournir les documents techniques attestant
le bien fondé d’un élagage à l’aplomb en vue de la préservation des routes. Aucune littérature française ou étrangère
ne valide une corrélation directe entre la durée de vie des surfaces goudronnées et l’eau gouttant des arbres. Prenez
le temps de l’observation sur vos routes, vous en serez convaincus.
Concernant la sécurité des usagers et le passage de la fibre, l’abattage des bordures ou un élagage vertical, ne prenant
pas en compte la capacité de réaction (rejets) de l’arbre, nous semble pour le moins une solution de court terme. La
repousse vigoureuse de rejets sur les souches ou branches coupées, suite à une mise en lumière directe, va rapidement
recoloniser les espaces dégagés pour laisser place à une anarchie végétale très dense, posant des problèmes de
visibilité, de sécurité, de fermeture des paysages et d’augmentation des entretiens. Ici encore, une simple observation
des routes ayant auparavant été élaguées de cette façon met en évidence le bien fondé de nos propos.
Nous avons conscience que l’entretien des bords de routes, prenant en compte le passage des réseaux et une sécurité
routière durable, est nécessaire. Nous en venons donc à vous proposer une interprétation plus précise de la dernière
lettre envoyée par le Conseil Départemental, reprenant une partie de nos propres schémas.
Vous y comprendrez que le meilleur moyen de limiter l’entretien des routes dans un département forestier comme le
nôtre, tout en conservant un patrimoine esthétique et sécurisé, reste la conservation des arbres de lisières en bordure
des routes. L’ombrage créé limite la croissance de la végétation basse ; les arbres stabilisent les talus, drainent les
fossés, protègent les surfaces goudronnées du rayonnement solaire et ont un intérêt direct pour la préservation de la
faune sauvage.
Vous trouverez ci-joint des schémas d’interprétation de différents cas de figures que vous pouvez rencontrer dans
votre commune. Je pense que vous y trouverez écho aux problèmes à résoudre sur vos voies communales. Faites en
l’usage que vous désirez, nous les avons conçues pour être diffusées librement.
Soyez assurés que notre démarche n’est pas commerciale, nos entreprises étant de tailles modestes et non désireuses
de prendre part de manière massive à ces campagnes généralisées. Nous agissons ici en tant que professionnels et
citoyens amoureux de notre département et de ses paysages mais inquiets que le spectacle auquel nous assistons
actuellement puisse se généraliser aux petites routes de campagne.


Dans l’espoir d’obtenir du Président du Conseil Départemental un moratoire qui permettrait de reconsidérer les
choses plus calmement, nous avons décidé d’informer M. Hulot de la situation. Ci-joint la lettre que nous allons lui
remettre en mains propres.
Respectueusement,

 

Le collectif AGIRR